Reyjin, créateur de vêtements de sport intelligents, se lance dans la course aux masques de protection écoresponsables
Ils ont su tourner la crise en opportunité Reyjin, créateur de vêtements de sport intelligents, se lance dans la course aux masques de protection écoresponsables
S’il sera difficile de mesurer l’impact économique et social de la pandémie de COVID-19 sur le long terme, une chose est certaine : celle-ci aura permis de conscientiser la population à l’importance d’acheter local (🛒voir l'initiative du Panier bleu), de repenser ses habitudes de vie/consommation et d’adopter des pratiques favorables à l’environnement – pratiques d’autant plus nécessaires que l’on assiste à une résurgence paradoxale du plastique à usage unique et de la pollution liée aux gants, lingettes et masques usagés.
Privilégier des commerces et des entreprises d’ici, offrant des produits réutilisables, recyclables et écologiques s’impose donc comme une priorité absolue.
Et c'est d'ailleurs ce désir de soutenir une production locale, qui sache tirer profit de ressources naturelles (végétales, minérales, etc.), qui a motivé Reyjin, une jeune startup montréalaise spécialisée dans le vêtement athlétique, technique et intelligent, à créer un nouveau masque de protection écoresponsable, adhérant aux plus hauts critères de filtration, de respirabilité et d’imperméabilité.
Entretien avec Jérôme et Yannick Reynaud, les deux co-fondateurs de Reyjin Sport, qui nous expliquent comment choisir son masque pour bien se protéger ainsi que les raisons qui ont poussé leur entreprise à s'engager face à la crise.
Q. 1: Contrairement aux appareils de protection respiratoire homologués du type N95, N100, etc. qui sont réservés au personnel de santé, il n’existe pas de normes et de réglementations pour déterminer de l’usage, ni du degré d’efficacité des masques traditionnels. Quelles questions doit-on donc se poser avant d’acheter son masque?
Lorsque vous choisissez votre masque, commencez par vous poser quelques questions de base:
le masque est-il confortable ? Est-il assez étanche et épouse-t-il bien la forme de mon visage?
a-t-il une filtration et si oui, a-t-il reçu une certification?
combien de fois peut-il être lavé avant de subir une quelconque détérioration?
où et dans quelles conditions a-t-il été confectionné?
Ce détail est important car nous avons pu constater que certaines initiatives, qui étaient pourtant bonnes et pleines d’humanité au départ, n'ont pas été en mesure de livrer la marchandise et, sans vouloir jouer sur les mots, les masques finissent tôt ou tard par tomber. Le consommateur doit donc savoir ce à quoi il contribue.
Q. 2: Maintenant, parlez-nous un peu de votre expérience et des défis que vous avez dû surmonter pour adapter votre technologie et effectuer rapidement votre pivot?
Nous avons eu une véritable prise de conscience en observant ce qui se passait en Europe, puis au Canada (pays qui n’est pas producteur de masques, mais qui a pourtant la capacité, du fait de ses ressources naturelles et industrielles, de réduire sa dépendance envers les fournisseurs étrangers).
Nous tenions donc à apporter notre savoir-faire dans la lutte contre la Covid-19 et avons, dès la mi-mars, commencé à rassembler une équipe d'experts pour nous aider dans nos efforts.
Nous avons mené des recherches extensives pour connaitre les solutions existantes, les matériaux utilisés, les types de filtrations, les normes et certifications, les principaux acteurs dans ce domaine à l’échelle mondiale... Notre intention était claire: développer des produits offrant des niveaux de performance de filtration équivalents ou supérieurs aux produits médicaux, mais 100% canadiens.
Avec l'aide de partenaires et d’industries très engagées, et après de multiples essais/erreurs (et pas mal de cheveux blancs!), nous avons été en mesure de développer nos propres combinaisons de matériaux et de fils réalisés à partir de fibres spécifiques aux critères à respecter pour les masques. Ces fils sont tricotés par la compagnie Guillemot, à Québec, et assemblés ici même à Montréal.
Grâce à notre communauté de chercheurs, nous avons également découvert des méthodes très ingénieuses pour créer de nouveaux matériaux, à partir de déchets plastiques, qui se sont avérés très performants en matière de filtration. Nous avons tous pu constater que la pollution liée aux masques jetables était devenu un fléau et que, pandémie ou non, il faut penser à protéger notre environnement. Notre idée, c’était donc de recycler ces déchets plastiques en filtres lavables.
Aujourd’hui, nous offrons deux types de masques, et un troisième, qui sera résistant au lavage et capable de filtrer entre 97 et 98,5% des particules de 0.3 micron, est déjà en cours de développement. Cela veut dire que nous aurons enfin un équivalent de masques N95, lavable et québecois!
Q. 3: Vous avez su faire preuve de beaucoup d’agilité et d’innovation pour transformer les obstacles de la crise en opportunités d’affaires. Comment voyez-vous votre stratégie de croissance et les nouvelles possibilités qu’elle ouvre pour votre industrie?
Cette expérience nous a démontré que le savoir-faire local était bien présent et qu'il n'avait jamais eu autant de raison d'être. Et si notre activité première réside toujours dans la conception de nos vêtements de sport techniques et intelligents, nous sommes convaincus que le masque de protection deviendra un accessoire indispensable dans notre garde-robe (utilisé notamment en cas de pollution, d'allergie au pollen, etc.).
Et comme nous avons resserré nos liens avec la communauté de chercheurs à Montréal, nous continuerons de mettre à profit notre savoir-faire et notre expérience pour trouver des solutions et améliorer le confort, tant des particuliers que des travailleurs, face à leurs nouvelles réalités.
Q. 4: Votre expérience est vraiment inspirante. Un dernier petit message pour les autres startups?
On n'est jamais trop petits pour faire grand... Mais on peut aussi être grands et faire petit. Faites simplement ce qui est nécessaire et surtout, sachez vous entourer*. C’est la clef du succès, mais surtout du progrès.
* J'en profite d'ailleurs pour adresser un remerciement tout particulier aux multiples partenaires qui continuent de nous appuyer dans la réalisation de nos projets, à savoir: notre équipe de recherche (Catherine Durocher et Isabelle Goudreault), de confection (Lia Lugojan, Marie-Hélène Lampron, Hélène Martigny et Jessie Sisson) ainsi que nos partenaires de soutien (Filspec, Texel, KWI Polymers Solutions, l'IRSST, Guillemot International, Veratex, Hudson Tacticals, le groupe CTT de Sainte-Hyacinthe, le Ministère de l'économie et de l'innovation, le PARI/CNRC ainsi le CEIM pour leur accompagnement et leurs conseils.